Mon burn out

J’ai disparu du blog pendant plusieurs mois.

Je suis en arrêt de travail depuis le 7 septembre 2020. Je souffre de burn out. Ce fameux burn out dont on parle tant dans les média.

Qu’est-ce que le burn out ?

Le syndrome d’épuisement professionnel, équivalent en français du terme anglais burnout, se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel.

Ce burn out me guettait depuis plusieurs années déjà mais je ne voulais pas voir les signes. Je voulais être forte.

Pour recontextualiser un peu, j’ai fait un remplacement long en SEGPA (voir la rubrique « ma vie d’instit ») de janvier à avril 2020. Et début mars 2020, je ne vous apprends rien, un petit virus est venu pointer le bout de son nez et mettre un joyeux bazar dans le monde entier. Confinement, école à la maison, le fameux « on est prêts ! » de Jean-Mimi, des élèves et des parents perdus manifestant leur mal-être par de l’agressivité…

Le « on est prêts » dans un collège de campagne dont certains élèves ne maîtrisent pas l’outil informatique (même pas le traitement de texte alors tout ce qui est internet…). Une somme colossale de travail. Contacter les familles et certains élèves avec MON téléphone. Travailler tellement que j’en oubliais de manger mon repas de midi !

Et la hiérarchie qui ne m’a pas dit que je devais arrêter le remplacement au début du confinement et qui donc ne voulait pas ma payer mes frais de remplacement. Je pense que la secrétaire se souvient de ma gueulante. J’ai finalement été payée.

Et fin août, je me rends à ma nouvelle école de rattachement, la directrice m’accueille avec surprise « ah mais tu es là ? Tu devrais pas être là, tu es nommée à l’année à … » . Un IME à 45km de chez moi. Sans aucune formation. Un congé maternité. Au cas où vous ne saviez pas, on tombe enceinte du jour au lendemain dans l’Educ Nat ! Ma collègue avait prévenu l’inspection en mars… Elle a harcelé les services « compétents » toutes les semaines et plusieurs fois par jour de juin à début juillet. De mon côté, début juillet, j’avais demandé si un remplacement long m’attendant à la rentrée. « Non ! Non ! Passe de bonnes vacances ! ». Autant vous dire que je suis tombée de haut ! Re-gueulante avec l’ancienne secrétaire. J’avais tout accepté jusqu’à présent : l’EREA, l’ITEP, la SEGPA (relire mes fabuleuses aventures). Même pas un geste de gratitude ou un remerciement. Bon, je n’attendais pas grand chose mais quand même ! Au bout de 18 ans d’ancienneté, on sait qu’il ne faut rien attendre ! Au contraire ! Si on peut nous piétiner, pas de problème.

A partir de là, ça a été la dégringolade. Je n’ai tenu qu’une semaine. Pourtant, les lieux étaient remplis de bonnes ondes et le personnel adorable. J’avais en charge une classe d’adolescents de 11 à 15 ans. L’élève le plus en difficultés avait un niveau grande section de maternelle (non lecteur et ne voulant pas apprendre sauf pour « le permis de chasse parce que c’est trop cool de dézinguer des bestioles »).

Dès la rentrée, une mère d’élève m’a dit que je n’avais pas à être là puisque je n’étais pas « spécialisée » et que du coup, elle viendrait faire le point avec moi toutes les trois semaines. Je travaillais énormément. Je n’avais que 3 à 8 élèves mais chacun avait un niveau différent.

A partir de là, le stress, l’anxiété et l’inquiétude se sont très vite installés… Et les insomnies avec. Si je dormais 3 heures par nuit en tout, c’était beaucoup ! Et je n’étais pas du tout productive. En une journée, je n’arrivais à préparer qu’une matinée de cours. Pourtant, en 18 ans, j’avais fait tous les niveaux. Et je n’arrivais à rien faire. Les pleurs et les crises d’angoisse sont arrivés.

Le lundi 7 septembre, après une nuit quasi blanche, je prends la route pour aller au travail. Une violente crise d’angoisse s’est emparée de moi. Je n’arrivais plus à respirer, je pleurais, j’étouffais. Je pensais à m’arrêter au bord de la route mais je voulais être forte et « ne pas faire la chochotte ». Arrivée dans les locaux, je fais mes photocopies, en larmes. J’entends ma collègue arriver, je me rends dans sa classe. Elle me voit et elle a juste le temps de me tendre une chaise pour que je puisse m’écrouler. On m’a forcée à me rendre à l’infirmerie de l’IME. J’ai pleuré puis dormi puis repleuré puis redormi toute la matinée. J’ai pu prendre rendez-vous en urgence avec mon médecin. Je me suis effondrée dans son cabinet en lui disant « Je suis une grosse MERDE ! ». Elle a ri en disant « Rien que ça ? ». Puis elle a pris le temps de m’écouter et de me conseiller. J’ai enchaîné les petits arrêts de travail jusqu’aux vacances de Toussaint. Puis la machine administrative s’est mise en route : demande et octroi de Congé Longue Maladie (CLM) d’un an transformé en Congé Longue Durée (CLD).

En sortant de chez le médecin, mes parents (très inquiets) m’ont demandé ce qu’il se passait. J’ai eu un flash de ma dernière année en Bretagne : le harcèlement moral d’un directeur et d’un inspecteur et la délation d’une collègue. Tout est revenu comme un tsunami. « Je veux pas que ça recommence comme à *** (nom de l’école) ! ». Je revoyais un visage, des yeux et de violentes paroles et menaces. Je revivais l’injustice.

Même en arrêt de travail où je n’avais rien d’autre à faire que prendre soin de moi, je pleurais tous les jours plusieurs fois par jour. Je faisais des crises d’angoisse (Youpiiii ! J’habite à côté d’une école et entendre les enfants lors des récréations était source d’un stress innommable. Des douleurs chroniques se sont installées (des brûlures musculaires) : dos, trapèzes, bras jusqu’aux coudes. Incapacité de me concentrer plus de 5 minutes (lire était impossible). Mon médecin ne m’a pas laissé le choix : antidépresseurs et anxiolytiques. Et bien sûr, le retour des troubles du comportement alimentaire avec une grosse prise de poids. En parallèle, un suivi chez une psychiatre formidable qui a diagnostiqué un syndrome de stress post-traumatique. Chose que j’ai eu beaucoup de mal à accepter. « C’est pas possible ! C’est réservé aux soldats ou aux survivants d’attentats ! ». Des suivis avec une thérapeute du travail (thérapie EMDR) et une kinésiologue me font remonter la pente petit à petit.

Grâce à ce burn out, j’apprends à m’écouter et à être indulgente avec moi-même. Oui, j’ai le droit d’aller mal. Oui, j’ai le droit de vouloir rester couchée toute la journée (passer du lit au canapé, vous voyez ?). J’ai le droit de dire NON. J’ai le droit de poser mes limites. Et tant pis si ça déplaît.

Je ne reprendrai pas l’enseignement. Je vais tenter les concours de l’administration. Depuis janvier 2022, je fais des « activités thérapeutiques » dans un lycée professionnel pour découvrir les métiers de l’administration (secrétariat de direction et intendance). Je suis passée de deux matinées par semaine à trois. Je reste fatiguée mais je suis contente de me lever le matin. J’arrive à lire, je me remets à cuisiner et manger sainement (relativement) (Hahaha !).

Je ne regrette pas d’être passée par là même si ce n’est pas une expérience très facile (pas du tout).

Si je devais donner des conseils à ceux qui pensent être en burn out, n’attendez pas pour consulter et vous faire arrêter par votre médecin. Ne négligez pas votre santé mentale. Personne n’est irremplaçable (« le cimetière est plein de gens indispensables »).

Soyez doux avec vous-même,

Soyez gentil avec vous-même

Soyez indulgent avec vous-même

La guérison commence avec l’acceptation.

Publicité

6 réflexions sur “Mon burn out

  1. Bon, c’est pas top tout ça Roisinn…
    Quoique peut-être que d’avoir vidé ton sac via le blog va t’aider un peu à remonter la pente… Et puis, l’administration, ça peut être un bon plan… si tu te relances dans celle de ton blog c’est que ça va mieux…

    Bon, pour moi j’ai presque terminé la première phase du Printemps des Poètes et je cherche des voix pour dire les poèmes… si ça te dit, celui que j’ai publié ce matin positive…quoique j’y crois moyen…

    Et tu as parlé de congé maternité dans ton post ?

    @t… alain

    Aimé par 1 personne

      1. O.k… J’avais mal lu:
         » Un IME à 45km de chez moi. Sans aucune formation. Un congé maternité. Au cas où vous ne saviez pas, on tombe enceinte du jour au lendemain dans l’Educ Nat !  »

        Ça m’avait fait rigoler…

        Bon Week-End printanier !!! Et n’oublie pas de changer d’heure ce soir ;-)…

        @t… alain

        Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s